Cosmétiques et phtalates : l’envers du décor
Souvent cachés derrière la mention parfum, les phtalates sont utilisés dans certains cosmétiques. Quels sont leurs effets sur la santé et l’environnement, et comment les éviter ?
Phtalates et cosmétiques : pourquoi font-ils débat ?
Introduction
Un parfum enivrant, une crème qui sent bon, un vernis longue tenue… Derrière ces plaisirs du quotidien se cachent parfois les phtalates, une famille de substances chimiques largement utilisées dans l’industrie, y compris en cosmétique.
Longtemps passés inaperçus, ils sont aujourd’hui sur la sellette : accusés d’interférer avec nos hormones, soupçonnés d’impacter la fertilité et l’environnement. Alors, faut-il s’en méfier ?
À quoi servent les phtalates ?
Les phtalates sont avant tout des plastifiants : ils rendent les matières plus souples, plus résistantes. En cosmétique, on les retrouve dans :
- Les vernis à ongles, pour améliorer la tenue.
- Certains parfums, où ils fixent et prolongent la fragrance.
- Quelques laques ou sprays, pour apporter de la souplesse.
Le problème ? Ils sont souvent dissimulés derrière la simple mention “parfum” dans la liste INCI, ce qui rend leur détection difficile pour le consommateur.
💡 Pour en savoir plus sur la lecture des listes INCI, consultez notre Glossaire — un guide simple pour décrypter les noms chimiques et repérer les ingrédients à surveiller.
Pourquoi font-ils débat ?
Plusieurs études ont montré que certains phtalates peuvent agir comme perturbateurs endocriniens.
Le DEHP et le DBP sont associés à des effets sur la fertilité masculine. Les scientifiques soupçonnaient les phtalates, des composés chimiques présents dans certains plastiques, de provoquer la stérilité masculine.
C’est désormais prouvé grâce à une étude genevoise. Cette recherche précise aussi que cet effet n’est pas systématique. https://www.planetesante.ch/Magazine/Grossesse/Infertilite-et-PMA/Les-phtalates-rendent-steriles
- Le DEP, longtemps très utilisé dans les parfums, est encore autorisé mais reste surveillé.
Selon l’ANSES (2019), l’exposition chronique aux phtalates, notamment pendant la grossesse, mérite une vigilance particulière.
Santé humaine : quels risques réels ?
Les données scientifiques mettent en évidence :
- Des effets sur la fertilité (qualité du sperme, anomalies congénitales).
- Un lien possible avec certains troubles du développement chez l’enfant.
- Une exposition insidieuse, car les phtalates passent par la peau, l’air, l’alimentation… et s’accumulent.
Le problème majeur n’est pas un produit isolé, mais la répétition quotidienne et l’accumulation de sources d’exposition.
Impact environnemental
Les phtalates ne disparaissent pas facilement. On les retrouve dans les eaux usées, les sols et même dans certains organismes aquatiques. Leur persistance contribue à la pollution diffuse, ce qui en fait aussi un problème environnemental.
Conseils pratiques pour limiter son exposition
- Limitez les cosmétiques très parfumés : souvent les plus riches en phtalates.
- Vérifiez vos vernis à ongles : privilégiez ceux qui affichent « 3-free », « 5-free » ou plus.
- Préférez les marques transparentes sur la composition (sans “parfum” trop vague).
- Avancez progressivement : remplacez vos produits les plus utilisés (parfum, crème quotidienne) avant les occasionnels.
Définitions
Phtalates : famille de composés chimiques dérivés de l’acide phtalique, utilisés comme plastifiants pour assouplir certaines matières et prolonger la tenue des parfums.
INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients) : nomenclature internationale qui liste les ingrédients cosmétiques sur les étiquettes, souvent en anglais ou en latin.
Perturbateur endocrinien : substance pouvant interférer avec le système hormonal humain ou animal, même à faibles doses, en imitant ou bloquant l’action naturelle des hormones.
Plastifiant : agent ajouté à certains matériaux (ou formules cosmétiques) pour les rendre plus souples et résistants dans le temps.
FAQ
Tous les phtalates sont-ils dangereux ?
Non. Certains sont plus préoccupants que d’autres (DEHP, DBP). Mais leur image globale reste entachée par les signaux d’alerte scientifiques.
Peut-on vraiment les éviter dans les cosmétiques ?
Oui, surtout si l’on choisit des marques qui excluent volontairement les phtalates. Mais comme ils se cachent souvent derrière « parfum », le tri n’est pas évident pour le consommateur.
Dois-je jeter tous mes produits qui peuvent en contenir ?
Pas nécessairement. Le plus efficace est de remplacer progressivement les produits que vous appliquez le plus souvent.
Bibliographie sélective
- ANSES (2019). Perturbateurs endocriniens : avis et recommandations. anses.fr.
- Hauser R, Calafat AM (2005). Phthalates and human health. Occup Environ Med. PubMed PMID: 15961623.
- SCCS (2019). Opinion on phthalates in cosmetics. Commission européenne.
- Swan SH (2008). Environmental phthalate exposure and reproductive health. Int J Androl.
Conclusion
Les phtalates ne sont pas visibles sur les étiquettes, mais ils sont bien présents dans certains cosmétiques et parfums. Même si tous ne présentent pas le même niveau de risque, leur impact potentiel sur la fertilité et le développement justifie la prudence.
Chez Blozenn, nous avons choisi d’écarter les phtalates de nos sélections, pour que votre rituel beauté reste un plaisir, pas une inquiétude.
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